Le
groupe a été créé en 1996 sous l'impulsion de Mamadou
Tounkara et avec la complicité de deux amis d'enfance : Salim
et Modibo Diallo.
Originaires du cercle de Kita (région de Kayes) où ils passèrent toute
leur enfance avant de se retrouver dans la capitale Malienne après leur
succès au D.E.F. (Diplôme d'étude fondamentale), les Escrocs ont fait
leur premier pas dans la musique à l'occasion des semaines régionales
scolaires, locales artistiques et culturelles du Mali.
A
la fin des années 80, le vent de la démocratie souffle sur le continent,
les politiques n'hésitent plus à élever le ton pour réclamer plus de
liberté, d'égalité et de justice. Le Rap étant le credo des sans voix
prend le relais et dénonce les tares de la société.
Au Mali,
on assiste à la création de plusieurs groupes de Rap dont le groupe
"Les Escrocs" qui ont fait sienne la déclaration
de Monseigneur Luc Sangaré "Un robinet resté trop longtemps fermé,
déverse de l'eau jaunâtre à l'ouverture".
Ils composent le titre "Sara" (qui veux dire salaire en Bambara la langue
locale) fait référence au maigre salaire des travailleurs maliens, salaire
qui de plus n'est pas payé régulièrement.
Les vérités crues sont dites et pour la première fois au Mali, les instruments
traditionnels font leur apparition dans le Rap. Toumani
Diabaté, le célèbre joueur de kora en est l'initiateur.
L'album
verra le jour en février 1998 et rafle la meilleure vente de l'année
en matière de hip-hop malien, il est nominé aux "Etoiles de la Musique
Malienne" 1999 dans la catégorie révélations. Cet album leur permettra
de participer à toutes les rencontres musicales au Mali, et ils se payent
le luxe de surclasser les meilleurs groupes du hip hop ouest africain
à Cotonou (Bénin).
Les Escrocs participent de leur façon à
l'humanitaire au Mali (Echosida, Sida tour, le Train de l'espoir…).
De Bamako à Gao et de Kayes à Mopti, les Escrocs
sillonnent tout le Mali pour diffuser leur message. "Sara" n'est plus
un tabou, tout le monde en parle mais que faut-il faire pour que les
"Sara" soient payés régulièrement ?
Les politiques ont proposé l'opération "Kokadjè" (Laver propre) mais
les Escrocs ne sont dupes pour croire à
la sincérité de cette opération qui est selon eux un leur. C'est justement
pourquoi leur second album s'intitule "Kokadjè".
Les Escrocs croient en leur bonne étoile,
font un clin d'œil aux expulsés maliens de la France, aux enseignants,
aux femmes africaines et se dressent contre le Sida. Nous étions en
Avril 1999.
Le troisième
album "Kalan" qui sorti le 1er Mars 2001, consacre leur attachement
aux valeurs culturelles maliennes, le "Mandinka Rap" (Rap acoustique
malien) est désormais une réalité puisque le son électrique cède le
pas à l'acoustique.
Ce nouvel
album reflète tout le talent de ces deux jeunes gens. A noter la défection
du troisième membres (Modibo Diallo) pour
des raisons personnelles. |