29/01/2007
- « MINYE MINYE »
DE MANGALA CAMARA
L’autre visage d’un géant de Kéniéba
Après plus de trente ans de carrière, Mangala Camara n’a
pas cessé de nous étonner. En témoigne son dernier
album, « Minyé Minyé » (On est ce qu’on
est) sorti en novembre 2006. Une oeuvre qui va au-delà de la musique
classique de ce talent incompris.
«
Tôt ou tard, on connaît qui est qui. L’apparence
peut tromper, mais pas pour longtemps parce qu’on ne chan ge
pas facilement sa nature » ! Tel est l’essence du titre générique
du nouvel album de l’enfant du Kéniéba, Mangala Camara.
Et sur cette œuvre, le géant de la scène malienne démontre
magistralement qu’il a des potentialités encore insoupçonnées.
Du Mandé groove (Yiri doulen, Wililé, Minyé Minyé,
Mima soly et Ilé) à la salsa (kumaninguè et Mbaoudé)
en passant par le blues (bamanké), le zouk manding (Nkônô
môrô) et un excellent pot-pourri, (Anbè) Mangala fait
swinguer jusqu’à atteindre une volupté rythmique irrésistible.
Des mélodies entraînantes qui lui permettent de célébrer
l’amour, la beauté, la bravoure, la tendresse, la solidarité...
Et comme on pouvait s’y attendre, il dénonce aussi la jalousie,
l’hypocrisie, l’égoïsme, le mimétisme et
bien d’autres fléaux sociaux
Avec ce somptueux album, la carrière du khasonké a sans
doute amorcé un tournant décisif dans sa conquête
du showbiz international et cela grâce à Syllart Production
qui lui ainsi donné l’opportunité de relancer sa carrière
sur les conseils de Malick Konaté dit Jacques, producteur délégué
de cette œuvre.
Pour la circonstance, Mangala a été entouré d’instrumentistes
virtuoses comme Cheick Tidiane Seck (claviers), Toumani Diabaté
(kora), Lansana Diabaté (balafon), Adama Diarra (djembé).
Sans compter les voix envoûtantes des choristes talentueuses comme
Ramata Diakité, Mbaou Tounkara et Djénéba Dansoko.
Mamoutou Camara dit Mangala est né en 1960 à Kéniéba
(Kayes/Mali). Fils d’un commerçant/ancien militaire dans
l’armée française et d’une comédienne-danseuse,
il commence sa carrière musicale dés son enfance, malgré
l’opposition de sa famille. En 1971, âgé de seulement
11 ans, il intègre l’Orchestre régional de Kayes.
En 1992, il participe à la création du groupe African Sofa
avec un autre Malien, deux Guinéens, un Camerounais et un Capverdien.
Repéré par Salif Kéita, il intègre «
Les ambassadeurs » en qualité de batteur et de choriste.
C’est avec le rossignol de la musique mandingue qu’il fait
sa première tournée en Europe en 1985. En 1986, il est lauréat
du grand Prix « Découverte » de Rfi.
Il fonde avec Alain Lecointe le groupe Donké (dansez en bambara).
En 1988, ils produisent un premier album intitulé « Paris-Bamako
». Parallèlement, Mangala réalise un projet musical
autour des musiques traditionnelles mandingues qui voit le jour avec la
sortie de l’album « Complaintes mandingues blues » en
1993.
Revenu au bercail en 2001, après 18 années de carrière
(5 albums) en France, Mangala est considéré comme l’une
des plus belles voix du Mali. Et ce à juste à titre puisqu’il
le prouve, si besoin en est, sur son nouvel opus. Avec Toumani Diabaté
dont il est le chanteur attitré à Bamako au sein du Symetric
Orchestra, ou en solo dans un répertoire original en tant qu’auteur-compositeur,
ces cordes vocales réactualisent l’héritage traditionnel
pour un voyage spatiotemporel aux racines du blues avant de ratisser large
à la recherche de sonorités envoûtantes.
Moussa Bolly |