«DJOUGOUYA» DE MAMOU SIDIBE

Le retour acoustique de la Techno Girl
Quatre ans après son second album, Mamou Sidibé est de retour sur le marché discographique avec «Djougouya». Fruit d’un travail minutieux de la part de l’artiste et de son arrangeur, cet opus est très prometteur.Djougouya ou la Méchanceté ! C’est le titre générique du 3e album de Mamou Sidibé. « Seule la maladie est réellement l’ennemi de l’Homme parce qu’une méchante personne ne peut jamais t’empêcher de faire ce que tu as réellement envie de faire », explique-t-elle ce choix. « La méchanceté n’a empêché ni Soundiata Kéita ni Nelson Mandela de réaliser leur destin », ajoute-t-elle.
Djougouya est un opus de 13 titres autoproduit par Mamou. Si elle défi ses esclaves, les forgerons sur Numu (lire Noumou), elle rend un vibrant hommage aux peulhs dans Mary. Une reprise d’une chanson légendaire, un hymne au courage et à la bravoure chanté en l’honneur des Princes peulhs qui préféraient la mort à l’esclavage. Cet album complet marque la constance et la fidélité de l’artiste. Constance dans le travail et fidélité dans ses relations professionnelles.
Ainsi, on retrouve l’inamovible Moussa Koné à l’arrangement comme sur les deux précédentes œuvres, Nakan et Musoya (Moussoya) de Mamou. Tout comme Mali K7 demeure au cœur de son projet musical même si elle a décidé cette fois-ci de s’auto produire. « C’est grâce à Mali K7 que j’ai aujourd’hui la chance de produire moi-même un album. Elle m’a efficacement accompagné sur mes deux premiers albums. Je dois beaucoup à Mali K7 et à Oumou Sangaré qui a guidé mes premiers pas dans la chanson », dit-elle pleine de reconnaissance.
Sur Djougouya, la Techno Girl continue aussi à raffermir son style en rupture avec la musique électronique qui caractérisait son coup d’essai. De plus en plus, elle accorde une place importante aux instruments traditionnels. Avec la flûte, le carignan, le ngoni et kamalen ngoni, la calebasse, le tamani…, le nouvel album est très acoustique. « Il me rapproche de mes ambitions musicales, c’est-à-dire moderniser les chansons du terroir sans perdre l’âme traditionnelle. J’espère que ce travail sera bien accueilli et qu’il va m’ouvrir largement les portes du showbiz international », souligne le rossignol du Ganadougou. Enregistré au studio Yeelen, cette œuvre, déjà au sommet de certains hits nationaux, a enregistré aussi la participation des artistes comme Ngolo Konaré et Alou Sangaré au choeur. Le dernier nommé est aussi présent à l’animation vocale sur certains titres.Un parcours exemplaire
Choriste dotée d'une formidable capacité de travail et d'une volonté farouche, il a fallu attendre pratiquement dix ans avant que Mamou Sidibé puisse prouver son talent avec un album solo. Le succès est au bout de l'effort pour cette chanteuse malienne. En effet, « Nakan » (Destin) est le titre du 1er album qui a marqué, en 1999, la fracassante entrée de la jeune Mamou sur la scène musicale malienne. Un succès national (environ 35.000 exemplaires vendus au Mali) qui a aussi permis à la superbe voix du Ganadougou, de faire une timide mais prometteuse percée pas dans le showbiz international grâce à l’efficace management de Mali K7. Sorti quatre ans après ce brillant coup d’essai, Musoya a confirmé le talent de la protégée de Moussa Koné et d’Oumou Sangaré.
Le secret de sa réussite ? « Le secret dans la musique comme dans toute autre activité est le travail. Le succès est toujours au bout du bon travail. Sans compter qu’un artiste, surtout jeune, doit avoir l’humilité d’apprendre, d’écouter les gens et de prendre en compte leurs critiques et suggestions. J’ai composé la chanson Numu suite à une causerie avec un vieux forgeron », répond la gracieuse Mamou.
Pour la jeune artiste, le travail s’impose à lui d’autant plus qu’elle n’a plus le droit de décevoir ses nombreux fans. « J'ai pris assez de temps afin de mieux me consacrer à la composition et à l'enregistrement de cet album. Cela était d'autant nécessaire que je suis maintenant condamnée à toujours faire mieux car mes albums sont attendus et, jusque-là, très bien accueillis par les mélomanes », assure-t-elle.
Avec 13 titres, Mamou a donné le meilleur d’elle-même pour être à la hauteur des attentes de ses nombreux fans ! Djougouya est un délice qui va sans doute marquer son époque.
Moussa Bolly

DISCOGRAPHIE Djougouya (2007)
Musoya (2003)
Nakan (1999)