DECES
DE MAMADOU COULIBALY
Le pionnier a tiré sa révérence
La grande famille de la Culture est encore en deuil. En effet, elle vient
de perdre celui qui était considéré, à juste titre, comme le pionnier
de la protection et de la promotion des droits d'auteur au Mali : Mamadou
Coulibaly. Le grand défenseur des artistes a tiré sa révérence jeudi dernier
à l'hôpital Gabriel Touré. Le mal qui le rongeait depuis longtemps a finalement
eu raison de lui. Ses obsèques se sont déroulées dans la matinée du vendredi
dans son village natal, Mana (cercle de Bougouni).
Cadre compétent de la direction de l'Action culturelle, Mamadou Coulibaly
a été le second directeur du Bureau malien des droits d'auteur (BUMDA).
Il a dirigé cette boîte pendant au moins une décennie. C'est lui qui a
donné au BUMDA une réelle envergure. Ayant hérité d'un bureau qui n'existait
presque que virtuellement, il a su l'organiser à la hauteur de la protection
et de la promotion des droits des créateurs nationaux et étrangers. Il
est donc le précurseur de la lutte contre la piraterie. C'est à Mamadou
Coulibaly qu'on doit les premières saisies des œuvres piratées. Contre
les fossoyeurs de la musique voire de l'art malien, son combat a été inlassable.
Mais après la révolution de Mars 1991, il fut l'une des victimes de la
chasse aux sorcières de certains cadres véreux. Il fut donc remplacé au
BUMDA. Mais en dehors du BUMDA, il a toujours contribué à servir la culture
malienne, surtout les artistes dont il était l'ami, le frère et le conseiller.
Et depuis un certain temps, on parlait de plus en plus de son probable
retour au BUMDA. Et beaucoup s'en félicitaient déjà parce que ce retour
devait éclaircir l'horizon musical assombri par la piraterie. Malheureusement,
le Tout Puissant et l'Omnipotent, en a décidé autrement. Il l'a arraché
à l'affection de tous ce jeudi matin.
Cadre compétent
car maîtrisant à merveille les questions de droits et du marketing culturel,
Mamadou Coulibaly s'est illustré par son dévouement, son efficacité, sa
rigueur intellectuelle, sa probité morale et surtout par sa modestie et
son humilité. Travailleur infatigable, ce n'est que récemment que le mal
qui le rongeait a pu le clouer au lit.
Son décès est une immense perte pour le département de la Culture et surtout
pour toute la grande famille de l'art malien. Repose donc en paix courageux
pionnier. Mali K7 et tous les artistes s'associent à la douleur de la
famille éplorée. Ce deuil est avant tout le nôtre parce que nous venons
de perdre un frère, un ami, un conseiller…un avocat de la cause des créateurs,
des producteurs, etc. Repose dans l'infinie grâce d'Allah avec l'assurance
que le flambeau que tu nous transmis ne va jamais… s'éteindre.
King Mosseto
MAMOU
SIDIBE
Issue d'une famille paysanne, Mamou n'est pas venue dans la musique au
hasard. En effet, son père est un balafoniste confirmé et sa mère une
célèbre chanteuse. Elle s'est forgée un talent à leurs côtés. Elle se
distinguait surtout par la beauté et la pureté de sa corde vocale. Plus
tard, elle se fait remarquer pendant les fêtes du village au clair de
lune. Adolescente, elle chante pour encourager les paysans dans les champs.
Bien décidée à faire carrière, Mamou quitte son village pour s'installer
à Bamako. Et, c'est au tournant des années 80 qu'elle intègre le groupe
d'Oumou Sangaré.
Choriste, elle participe à la réalisation de son premier album qui a fait
un véritable tabac : "Avec Oumou
Sangaré, j'ai beaucoup appris, elle a renforcé ma passion pour
la musique", précise t-elle. A travers les "Sumu", les cérémonies de baptême
et de mariage, Mamou consolide ses acquis et quitte le groupe d'Oumou
Sangaré, Caprice ? Plutôt désir d'entreprendre une carrière solo.
Mais il faudra attendre pratiquement dix ans avant qu'elle puisse prouver
son talent… Finalement, c'est Mali K7 qui lui propose un contrat. Elle
débute les répétitions avec Moussa Koné : "Quand Mamou venait ici, début
1998, malgré sa belle voix, il a fallu qu'elle travaille beaucoup. J'ai
même pensé qu'elle allait lâcher prise. Mais elle est restée courtoise
et ne s'est jamais énervée", explique Yves Wernert. Dotée d'une formidable
capacité de travail et d'une volonté farouche, Mamou
Sidibé parvient à atteindre son objectif dès son premier enregistrement.
Le succès est au bout de l'effort. "Nakan" (Le destin), son premier album,
réalisé par Yves Wernert et arrangé par Moussa Koné, lance Mamou dans
la cour des divas de la chanson malienne. Le Score est éloquent : vingt
mille cassettes vendues dans le courant du premier mois de vente. Ce succès
éclatant dépasse les frontières maliennes et propulse la Dame du Ganadougou
sur les scènes européennes. Elle effectue sa première sortie internationale
en décembre 2000 au célèbre Festival "Africolor" de Saint-Denis (France).
Ce coup d'essai fut également un grand succès. La jeune star de la Techno
devient une coqueluche convoitée par les promoteurs de spectacles. Elle
aligne alors une série de sept concerts en France, Allemagne et Pays-Bas
et une participation, très remarquée, au Festival "Voix des femmes" à
Bruxelles et à Anvers au mois de mars dernier. La première expérience
ayant dépassé ses attentes. Notre Mamou renouvelle le deal avec Mali k7
pour un second album. Cet opus, "Musoya", est un véritable chef d'œuvre
musical. Elle a réussit son pari : faire mieux que le précédent album.
Tout en poursuivant l'expérience de la première œuvre, "Musoya" est un
album original et innovateur, un album moderne qui a su préserver son
âme, et son inspiration traditionnelle. Vous ne résisterez pas à la vibration
de "Musoya" qui sortira le jeudi 3 avril 2003 en cassette et en CD.
Black Jack
VIGILANCE
Prévu pour le lundi dernier, le procès en appel de Mali K7 et des
artistes contres le distributeur pirate a finalement été renvoyé au 5
Mai 2003. C'est le second report de ce procès tant attendu dans le milieu
artistique tant il est symbolique. Mais la cour veut faire citer la douane
pour complément d'informations.
Et curieusement, le procès verbal de saisie des cassettes frauduleusement
fabriquées et introduites au Mali figure au dossier. De toutes les manières,
ce n'est que partie remise. Parce le ou les criminels vont un jour répondre
de leur acte. Le temps de l'impunité est révolue car même le département
de la Culture a compris aujourd'hui la noblesse et l'utilité économique
et sociale de ce procès. Et comme le disent les bambaras, " Don ka jan,
a sébalitè". Ce qui signifie qu'il y a une échéance à tout. Et lorsqu'une
échéance arrive, on solde les comptes et chacun répond de ses dettes envers
sa société et envers les autres. Cette attente nous paraît longue. Mais,
elle n'ébranle pas notre conviction de mener un combat noble contre ces
"voleurs de moissons ".
Elle n'ébranle pas non plus notre confiance à la justice parce que nous
demeurons convaincus que, tôt ou tard, la loi sera dite. Et nous restons
sur nos gardes afin qu'on ne puisse jamais endormir notre méfiance.
Restons vigilants
derrière Mali K7, Ali Farka Touré, Rokia
Traoré, Habib Koïté, Mamou Sidibé, Issa Bagayogo… Ce procès
est le vôtre parce que la lutte contre la piraterie est l'affaire de tous,
de tous les vrais mélomanes, de tous les bons citoyens… de tous les Maliens
! L'enjeu va au-delà des intérêts des seuls playants. Parce que, c'est
le rayonnement artistique du pays qui est en jeu. La piraterie est une
sérieuse menace à cette grande notoriété et cette bonne réputation culturelles
que nos artistes ont donné à ce pays au prix d'efforts, le plus souvent
dans la douleur. Cet acquis est donc aujourd'hui menacé par ces individus
mafieux qui n'aspirent qu'à bâtir des îlots de prospérité en privant la
majorité misérable des fruits de sa sueur. Le combat est exaltant car
la mission est aujourd'hui un sacerdoce. Acculés, les pirates sont maintenant
aux abois. Restons donc vigilants.
King Mosseto |