N° 37
10 novembre 2003
 

LUTTE CONTRE LA PIRATERIE AU MALI
Les producteurs comblent l'insuffisance du Bumda

Dans la lutte contre la piraterie, les producteurs maliens ont apparemment compris qu'ils ne peuvent plus attendre grand-chose du Bureau malien du droit d'auteur (BUMDA). Ils s'organisent en conséquence pour mener des opérations de saisie dans les marchés de Bamako. C'est ainsi que le 29 octobre dernier, certains membres de l'Association des producteurs phonographiques du Mali (APPM), en collaboration avec des agents du commissariat du 1è Arrondissement ont effectué une opération fructueuse au Dabanani, le centre des affaires et de la contrebande du grand marché. Cette opération a permis de saisir 3 420 cassettes piratées.

Une prise qui comporte toutes les œuvres à succès de ces deux dernières années. Au cours de cette opération, les agents du commissaire Amy Kane ont également arrêté deux personnes très mouillées dans la piraterie. Bien cuisinés, ceux-ci ont à leur tour dénoncé deux de leurs complices qui sont aujourd'hui aux arrêts. Pis, ces dénonciations ont permis de mettre la main sur un individu en possession d'un lot impressionnant de jaquettes des artistes maliens. Pris en flagrant délit, il s'est également mis à table et ses complices sont aujourd'hui activement recherchés par les policiers. Selon le pirate arrêté, ces jaquettes viendraient du Nigeria sur la commande de commerçants maliens (Confession sincère ou tentative de brouiller les pistes?). Les enquêteurs s'activent maintenant à remonter la filière. Au fil de cette enquête, il faut s'attendre à ce que d'autres têtes tombent.

Et pas les moindres parce que cette opération de l'APPM et du 1er arrondissement a sérieusement ébranler le réseau de la piraterie. Ceux qui tirent les ficelles dans l'ombre ne se sentent plus invulnérable. Ne se sentant plus en sécurité, ils sont en train d'activer leur réseau de corruption afin de bloquer l'enquête. Mais, c'est sans connaître la détermination et la pugnacité du commissaire Amy Kane qui a déjà démantelé assez de réseaux de mafieux et de bandits armés. En tout cas tant que l'affaire est à son niveau, les producteurs ne craignent rien. La crainte se situe au niveau du transfert parce que toutes les actions visant à démanteler les réseaux de pirates ont mystérieusement échoué au niveau de la justice. Déjà des magistrats se disent prêts à récupérer les cassettes saisies, c'est-à-dire les preuves, contre de fortes commissions.

On se rappelle qu'avant l'action des producteurs, le Bumda avait mené une opération du genre au Dabanani. Le 1e arrondissement a fait son enquête et a réuni des preuves concrètes contre les pirates arrêtés. Déférés, ceux-ci se sont curieusement retrouvés en liberté provisoire le lendemain. Les vrais acteurs du réseau étaient passés par là. Cette foi-ci, les producteurs ne s'en laissent pas compter. Ils ambitionnent aujourd'hui de se donner les moyens de s'adjoindre les services des meilleurs avocats du pays pour barrer le chemin aux complices des pirates au niveau de la justice.

La réussite de l'opération de l'APPM prouve une fois de plus l'incompétence du Bumda qui se cache toujours derrière le manque des ressources (logistiques, financières et humaines) pour justifier son inefficacité. Les producteurs viennent de démontrer qu'avec peu de moyens mais une réelle ambition de combattre le fléau, qu'on pouvait marquer des points contre ceux qui se livrent aujourd'hui à ce travail ignoble. Mieux, au cours d'une journée, le Bumda n'était parvenu à saisir qu'environ un millier de cassettes. Alors qu'en une heure trente, les producteurs ont mis la main sur 3 420 œuvres piratées et deux malfrats qui ne cessent de dénoncer leurs complices.

Comme on peut facilement le constater, la lutte contre la piraterie est devenu aujourd'hui l'affaire des seuls producteurs et du ministre Cheick Oumar Sissoko. Et pourtant, ce combat n'est pas seulement culturel. Sa répression nécessite l'implication des départements de la Justice et de la Sécurité intérieure ainsi que de l'Economie et des Finances. D'où aujourd'hui la nécessité de créer une commission interministérielle contre le piratage des œuvres artistiques. Un fléau qui fait perdre des milliards de CFA au Trésor public et condamnent les créateurs à la misère. Comme on l'a fait contre la corruption, l'ampleur de la piraterie doit pousser les autorités à désigner un Magistrat spécialement chargé de combattre ce fléau. Ce qui n'est malheureusement pas prêt de se réaliser parce que la lutte contre la piraterie demeure toujours dans les discours et non dans des actes concrets.

La Rédaction

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