29
Novembre 2004
MBILIA BEL, STAR AFRICAINE
"Les
pirates tuent la musique"
MBilia
Bel, l'élégante Congolaise à la cadence enivrante,
est de retour dans les bacs. Belissimo ! C'est le nom du nouvel album.
Le 16è d'une étincelante carrière entamée
il y a une vingtaine d'années.
Belissimo
est un opus de dix titres produit par Syllart Production. Mali K7 assure
la distribution au Mali. Comme toujours, l'amour a beaucoup inspiré
la star congolaise récemment présente au Mali pour participer
au Festival international de la musique au Mali (Fimba, 18 au 21 novembre
2004) et pour la promotion de son album. Un opus très engagé
avec des titres tel Droit à l'amour "dédié
aux enfants du monde". Ce superbe duo avec Kandia Kouyaté
dénonce les mauvais traitements, les pires formes d'exploitation
dont les enfants sont victimes dans le monde, surtout en Afrique.
"Tout le monde reconnaît que les enfants constituent l'avenir
d'une nation, mais peu de gens agissent pour les protéger",
s'offusque-t-elle. Des titres comme Lovango (cet amour), Ambiance à
gogo, Belissimo…sont aussi de véritables leçons
de sagesse et de satyre sociale.
Révélation des années 80 aux côtés
de Tabu Ley, MBoyo MBilia "Bel" (crainte et fascination) a
toujours baigné dans la chanson. Son grand-père maternel
était un grand griot et sa grand-mère une danseuse imbattable.
Du premier elle a hérité la beauté vocale et à
la seconde elle doit sa grâce de tigresse
La carrière de MBilia est une histoire de télévision
qui a commencé alors qu'elle avait 8 ans. "Une fois, j'ai
vu Bela Bello (la défunte star togolaise) à la télévision
lors d'un de ses séjours à Kinshasa. J'ai été
tout de suite charmée par son talent, sa belle voix et sa beauté.
Je me suis alors jurée de devenir comme elle… C'est mon
idole. A sa mort, j'ai passé plusieurs jours à pleurer…",
explique la star de la rumba.
7 ans plus tard, elle voit feue Abéti Massekini à la télé
! Le choc émotionnel est tel qu'elle ne résiste pas à
la tentation de lui écrire pour bénéficier
A sa grande surprise, Abéti envoie son imprésario la cherchée.
"Mon rêve de devenir une chanteuse commençait ainsi
à se réaliser. Je n'y croyais pas", se souvient-elle.
"Abéti était une femme formidable. Comme choriste,
j'ai appris beaucoup de chose à ses côtés en quatre
ans", reconnaît MBilia.
Elle quitte Abéti pour Sam Mangwana qui l'a découverte
lors d'un show musical à la télé zaïroise.
Avec ce dernier, elle parcourt le monde pendant une année. Elle
décide après de marquer une pause. "Ce n'était
pas ce que je voulais. J'avais envie d'exprimer mes sentiments.
Je me suis dit que j'aurais peut être jamais une telle opportunité.
J'ai alors décidé de tout laisser tomber et d'apprendre
la sténodactylographie", se souvient-elle. L'apprentissage
ne dure que quelques mois. Parce qu'entre temps, Tabu Ley tombe sous
son charme lors d'une émission télévisée.
La voix de MBilia laisse rarement indifférent. "A notre
première rencontre, Rochereau m'a dit : je n'ai pas de milliards
à te donner, mais si tu acceptes de travailler avec moi tu ne
le regretteras pas jamais", nous raconte MBoyo. Et elle n'a pas
eu à le regretter parce qu'il a suffit de quelques titres à
succès pour que la choriste devienne une vraie star. "Cela
a commencé avec MBevéalongue (45 tours), une complainte
d'une femme abandonnée avec ses enfants par un mari qui ne cessait
pourtant pas de vanter sa beauté et ses mérites. Beaucoup
de femmes se sont retrouvées dans cette chanson et m'ont prise
en sympathie", se rappelle l'artiste.
Cadence Mundada vient conforter ce premier succès et hisse la
jeune chanteuse au sommet des hits. L'idylle dure un peu plus de six
ans. Puis c'est la séparation. Une rupture qui a fait couler
beaucoup d'encre et de salive. "Les gens ont raconté beaucoup
de mensonges. Je pense qu'il n'est pas bon de se mêler de la vie
sentimentale de gens. Rochereau a été un maître
formidable pour moi. A mon avis, c'est le meilleur compositeur de rumba.
Mais, il fallait un jour que j'apprenne à voler de mes propres
ailes pour réaliser mes ambitions", explique MBilia. Elle
garde de bonnes relations avec le père de sa fille, Mélodie
Tabu (18 ans, présente en chœur sur Belissimo). "Je
lui dois beaucoup dans mon succès. Je suis fière d'avoir
été à son école. Et je suis sûre aussi
que Tabu Ley est fier de moi parce qu'il m'a toujours considéré
comme le meilleur produit de son école", nous apprend-t-elle.
La quarantaine déclinante, MBilia Bel ne veut pas s'attarder
sur ce passé parce qu'elle est résolument tournée
vers l'avenir. Cela passe par la promotion de ce 16è album. Elle
souhaite surtout entreprendre, très bientôt, une tournée
en Afrique de l'Ouest où ses fans sont très nombreux.
En attendant, elle leur demande d'aider les artistes à combattre
la piraterie. "Ce fléau est comparable à une bombe
atomique qui ne cesse de briser les carrières et de condamner
les talents à la précarité. Les pirates nous tuentparce
que, le plus souvent, la musique est notre seul gagne pain", s'indigne
le rayon de soleil de la musique congolaise.
Prix RFI Musiques du Monde
C'est ce jeudi qu'aura lieu la finale du Prix RFI Musiques du Monde
au Centre Culturel Français de Bamako. Cette finale qui mettra
aux prises Idrissa
Soumaoro du Mali, Abdou Guité Seck du Sénégal
et Ba Cissoko de la Guinée sera riche en couleur. Inutile de
vous dire que notre cœur bat pour notre compatriote Idrissa. Après
tant d'années au service de la musique, il mérite la consécration
pour un premier coup s'essai. Le verdict que nous attendons avec impatience
tombera le jeudi 2 décembre prochain. Que le meilleur gagne!