Tartit
 

 

Un entretien avec Tartit

Dans la salle de répétition bruxelloise plongée dans la pénombre, les membres du groupe Tartit sont assis en tailleur ou allongés sur le sol. Leurs instruments posés près d'eux. Ces femmes et hommes originaires du désert, dans leurs habits chatoyants, s'expriment surtout en musique. Leur culture touarègue, ils la vivent tout naturellement, que ce soit dans les camps de réfugiés, en exil ou en tournée. La tradition musicale n'est pour les Touaregs ni un métier ni un signe d'exception. Elle est l'identité d'un peuple nomade, qui se revendique libre et sans frontières, "Mama", mariée à un Belge, fait les présentations :

Mama (Walet Amoumine): On est presque toutes de la même famille, on est cousines. On a grandi ensemble. Amanou et Abou sont nos griots. On se connaît bien, on vient presque tous de la même zone, le "cercle de Tombouctou". Le désert. Quand il y a eu la rébellion entre les Touaregs et l'armée malienne, on a été dispersés entre différents camps de réfugiés. Moi je n'ai pas été réfugiée, je vivais déjà ici en Belgique, mais c'est comme si je l'avais été. Tous mes parents étaient réfugiés.
Disco (Fadimata Walett Oumar): Au Burkina Faso, nous avions créé une association de femmes, à l'intérieur du camp de réfugiés. Les femmes devaient s'organiser pour se défendre et pour travailler. Faire de l'artisanat, par exemple. Elles avaient besoin d'aide sur tous les plans. Economique, politique et culturel. Chez les Touaregs, la musique ne s'apprend pas. Tout le monde fait la musique. On prend les instruments et on joue. Dans les campements, tous les enfants et les jeunes se rencontrent dans les ruelles. On chante, on danse. Cachés derrière un arbre ou un peu en retrait, les jeunes écoutent les grandes personnes. Ensuite, ils répètent ce qu'ils ont entendu, en essayant de faire la même chose. Au camp de réfugiés, une Belge nous a proposé de participer au Festival "Voix de Femmes" à Liège. Est-ce qu'on pourrait former un groupe de femmes?. On a dit "Pas de problème". Chez nous il n'y a jamais un groupe organisé qui est là en permanence. J'ai pensé réunir des femmes autour de Amanou, notre griot, avec qui j'avais déjà fait de la musique. On a demandé à Amanou de chercher une chanteuse pour l'accompagner et c'est comme ça que Amanou a amené Arahmat avec lui. Moi j'ai une cousine en Belgique qui sait tout ce que moi je sais faire.
On a fait l'enfance ensemble, on a toujours dansé dans les fêtes. J'ai proposé qu'on l'intègre au groupe. C'est comme ça que "Mama" s'est jointe à nous et que Tartit s'est formé en Belgique.
On a joué au Festival "Voix de Femmes" et depuis on a bien travaillé ...

Il y a t'il une différence entre la musique faite par les femmes et celle des hommes ?
Disco: En réalité, c'est la même musique, seuls les instruments diffèrent. Il y a ceux des hommes et ceux des femmes. Le tambour tindé et la vièle imzad, ce sont les femmes qui en jouent. Mais actuellement, il y a des hommes qui jouent du tindé. Avant, seules les femmes pouvaient en jouer, Le luth tehardent est réservé aux aggouten, les griots. Ils se le transmettent oralement, dans la lignée familiale, C'est notre culture. Quand on joue ensemble, hommes et femmes s'accompagnent mutuellement.

Qu'est ce qu'un griot ?
Amanou, le griot : Dans la société touarègue, tout est organisé. Chaque personne a son rôle, les griots, appelés aggouten chez les nomades, sont issus de là caste des forgerons. L'instrument du griot, c'est le tehardent. Un proverbe touareg dit "le sel ne dit pas qu'il est salé", c'est à dire qu'on n'a pas le droit de parler de soi-même. Ce sont les autres qui disent si tu es bon ou mauvais. C'est le rôle des griots.
Ils décrivent ce qui se passe, ils parlent aux hommes, ils leur donnent du courage, ils parlent de ceux qui font du bien et de ceux qui font du mal. Ils sont les gardiens de la tradition musicale mais historique aussi parce qu'ils connaissent l'histoire de nos grands-parents, de père en fils, jusqu'à la génération actuelle. L'histoire est transmise par les griots dans les contes. C'est rare, un griot qui chante. Il parle, tout est dans la parole. Même si le griot n'a pas son instrument, le tehardent, il a sa bouche. Il parle à l'occasion des fêtes mais il peut aussi venir chez toi, jouer du tehardent et te raconter la vie de tes grands-parents.

Quel rôle joue la musique dans votre société ?
Mama et Disco répondent : La musique accompagne les jours de fête, de Ramadan, les mariages, les baptêmes, les divorces aussi. Chez nous, quand une femme est divorcée, on fait une grande fête en son honneur. C'est vrai! Le divorce, c'est comme prendre de l'eau et la verser. Le man te dit "sors!" et ça veut dire que tu es divorcée. On fait. une grande fête après 3 mois. il peut regretter entre temps et la faire revenir.

De quoi parlent vos chansons ?
Disco : On chante la paix, l'amour, l'exil. On chante aussi l'union des Touaregs, des chansons politiques, engagées. On compose aussi nous-mêmes des chansons qui ne font pas partie du répertoire traditionnel.

Comment composez vous ?
Disco : Ca me vient du tac au tac. Je dis une phrase, "tout le monde peut être réuni" Amanou dit une deuxième, un autre enchaîne, on voit ensemble ce qui est bon, et on prend.

Tu te considères comme une chanteuse ?
Disco : Non, je ne veux même pas être une chanteuse, je suis simplement une porteuse de ma tradition.
Arahmat, la joueuse d'imzad: Quand j'étais très jeune, j'écoutais les femmes jouer l'imzad et ça me plaisait tellement que je me suis mise à fabriquer moi-même des petits imzad. Je prenais l'écorce d'un arbre, je mettais un bâton et des morceaux de tissu et j'essayais jusqu'à ce que ça sonne juste. Toute seule. Dans ma famille, personne ne jouait du violon. Comme mon père a vu que j'avais envie d'apprendre, il m'a conseillé d'attendre les moments calmes de la nuit, quand personne ne parle. Il m'a dit de profiter du silence pour apprendre, pour connaître les chansons, pour former des choses dans la tête. J'ai joué seule jusqu'au jour où Amanou m'a rencontrée dans le camp de réfugiés.

Qui joue du tindé ?
Disco : Toutes les femmes qui en ont envie. Moi j'ai appris quand j'étais toute petite, avec une servante de chez nous. Elle me mettait sur ses jambes et moi j'aimais beaucoup être assise là pendant qu'elle jouait du tindé. J'ai appris comme ça le rythme qu'elle faisait. J'ai l'impression de le jouer depuis toujours. J'aimais aussi beaucoup chanter et danser. C'est pour ça qu'on m'a surnommée Disco.

Vous apprenez la musique à vos enfants ?
Disco : Non, nos enfants sont libres. La petite est en train de jouer tout le temps le tindé, elle est libre!. Moi, je ne lui apprendrai rien du tout. Dans ce domaine, elle fera ce qu'elle voudra. D'ailleurs ma mère ne voulait même pas que je chante, ça c'est vrai. A la maison je passais tout mon temps à chanter. Dès que je rentrais de l'école, je déposais mon sac, je me mettais la tête en bas et les pieds en haut et je commençais à chanter. Au début des "Tartit", je devais chanter toutes les chansons accompagnant le tindé. Je me considérais incompétente alors j'ai cherché une vraie chanteuse, quelqu'un qui a une belle voix. Quelqu'un m'a parlé de Fatma. Quand je suis arrivée cher elle, Fatma m'a dit, "non, ce n'est pas possible!". Elle ne voulait pas partir de chez elle. Après, je suis revenue à la charge et elle m'a promis de demander l'autorisation à son mari. C'est son mari qui a accepté qu'elle vienne.
Fatma : Je n'avais Jamais voyagé, j'avais peur. Je suis habituée à rester dans ma famille, parmi les miens, et de chanter pour eux.
On a tous peur de tout ce qu'on ne connaît pas. J'ai compris que ça ne me fera pas de mal, que ça ne m'apportera que du bien. Voyager, chanter, gagner de l'argent.
Disco : Il faut l'accord du mari pour pouvoir partir. Moi j'ai eu beaucoup de problèmes à convaincre le mien. La première fois, je suis partie avec son accord, les autres fois il ne voulait p!us, il refusait. il n'a pas envie que je voyage tout le temps. Moi, je ne me laisse pas faire.

C'est ce qui t'a donné envie de faire quelque chose pour les femmes ?
Disco: Je ne sais pas, je suis née avec cette envie. J'ai commencé à travailler à l'UNICEF comme animatrice, où je n'al fait qu'aider des femmes et des enfants. C'est parti de là. Notre association s'occupe de femmes touarègues. Il faut les aider, elles sont très vulnérables dans notre société. Elles ne travaillent pas, elles n'ont pas été à l'école, elles ne savent rien faire. Ce sont elles, les mamans des enfants. Souvent, les maris s'en vont et laissent la femme et les enfants. Ou bien, il te divorce tout de suite et te laisse les enfants. La femme doit nourrir ses enfants. L'homme, il s'en fout, lui s'en va. Souvent à la guerre, dans les rébellions ou dans un voyage lointain. La femme n'a qu'à se débrouiller. Abou est mon adjoint. Il s'occupe de la coordination des associations de femmes au Nord du Mali.
Ce n'est pas un travail où l'on gagne, on est bénévoles. On aide la société.
Abou, le second griot : Si le projet trouve un financement auprès des ONG, je suis payé. Sinon, non. En brousse, je vis avec les animaux. Je vis de l'élevage. Je suis un berger, je chante avec mes animaux. Je possède des vaches, des moutons et des chèvres.
Le lait on le boit. La viande, on la mange, le beurre, on l'utilise. On vend les animaux pour payer du grain et des habits neufs une fois par an. Et des chaussures, du sucre, des choses comme ça. Les petits besoins de la famille. Je suis nomade. Nomadisme, chez nous, c'est en fonction des animaux. Si tu n'as pas un animal, tu ne vas nulle part. tu te planques quelque part et tu restes là, tu cherches à vivre. C'est à cause des animaux qu'on fait du nomadisme. Il faut toujours chercher un nouveau pâturage, un nouveau terrain pour les animaux. On ne peut pas compter combien de fois par an je bouge. Le désert n'a pas de frontières. Nomade, c'est sans frontières. On déménage après un jour ou deux, parfois un mois, mais c'est le maximum. Avec toute la famille.

Et toi, Mama, comment est ta vie à Wepion, par rapport à avant ?
Mama : C'est différent, tu vois bien. Ca fait 7 ans que j'ai quitté ma vie touarègue et je retourne chaque année au Mali. J'ai gardé ma culture. Ca fait 7 ans que je suis là mais rien n'a changé. Je garde ma culture dans mon coeur. Je sais que je suis Touarègue.
Disco : Seulement, elle ne déménage pas dans la maison.
Marna : La maison ne déménage pas parce que c'est pas une tente. Si c'était une tente, je serais chaque soir dans un autre jardin.
Je suis tellement nomade, que dans ma chambre, je déménage chaque jour mon lit. Tu trouves le lit aujourd'hui ici, tu vas le trouver demain là-bas, Ca m'énerve que ce soit toujours dans la même position. C'est pas du désordre, c'est toujours bien rangé. J'ai grandi dans le désert.
Disco et Marna, en rigolant : Allez, Amanou, parle de ta vie de nomade.
Amanou : Je suis nomade depuis ma naissance. Même en tournée, maintenant, je fais du nomadisme. Que je déménage ou que je reste sur place, ma musique est dans ma tête. Dans mon esprit. Mais de mon instrument, le tehardent, je n'en joue pas à n'importe qui. Seulement à des personnes très importantes. Ce sont celles que mes parents considéraient comme des "personnes vénérables". J'ai appris mon répertoire avec mes parents.
Interview : Marta Bergman

Extrait de l'album Tartit "Ichichila" Network 36.584 - www.networkmedien.de
Production : Network Medien Frankfurt & Divano Production Bruxelles - Produit par Gerald Fenerberg et Michel Winter - Enregistré au Centre Culturel de Bamako par Yves Wernert et Gerald Fenerberg. Mixé par Gerald Fenerberg

 
Ichichila
Network 36.584
 

Talking with Tartit
Dressed in their traditional costumes, the members of the group Tartit are sitting and lying on the floor of their dimly lit rehearsal room in Brussels, their instruments beside them. These men and women of the desert, in their colourful attire, express themselves primarily through their music. They cultivate their Tuareg traditions wherever they go, whether they are in refugee camps, in exile or on tour. For the Tuareg, music is neither a profession nor a sign of some exceptional trait. It is, quite simply, the identity of a nomad people that seeks to live in freedom, with out borders. "Mama", who is married to a Belgian, presents the group:

Mama (Walet Amoumine): We are almost all from the same family. We are cousins. We grew up together. Amanou and Abou are our griots: We know each other well. We come from more or less the same area, around Timbuktu. We're from the desert. When the Tuareg rebelled against the army of Mali, we were sent to different refugee camps. I was not a refugee - I was already in Belgium - but I feel like one. All my family were refugees.
Disco (Fadimata Walett Oumar): At Burkina Faso, we set up a women's association within the refugee camp. The women had to organise themselves in self-defence and in order to work - handicrafts for example. They needed all kinds of help - financial, political and cultural. Among the Tuareg, music is not something you learn. Everybody makes music: You just pick up an instrument and play. In the camps, all the children and young people would gather between the tents, singing and dancing. Sometimes, hiding behind a tree or standing at a distance, they would listen to the grown-ups. Then, they would repeat what they had heard and try to copy it themselves. Once, in the refugee camp, a Belgian suggested we should perform at the "Voix des Femmes festival" in Liege, and asked whether we could form a female group. No problem, we said. For us, there is no such thing as a permanently organised group like that. I thought of getting together the women from the Circle around Amanou, our griot, as I had already, played music with him. So Amanou was asked, to choose a singer to accompany him and that's how he brought along Arahmat. I have a cousin in Belgium who can do all the things I can do. We grew up together and were always dancing at parties.
I suggested including her in the group. That's how Mama joined sand Tartit was founded in Belgium.
We performed at the "Voix des Femmes" festival and have not looked back since...

Is there a difference between the music that women play and the music that men play?
Disco: In fact it's the same music. Only the instruments are different. The tindé drum and the imzad fiddle are women's instruments. Though there are quite a few men who play the tindé these days. In the past, that would not have been allowed. The tehardent lute is played only by the aggouten of griots. They hand the skills down within the family. That's our culture. Men and women accompany each other increasing music.

What is griot?
Amanou (the griot): ln Tuareg society, everything is organised so that each individual has a role. The griots, called aggouten by the nomads, come from the caste of metal smiths. The griot's instrument is the tehardent. A Tuareg proverb says that "salt doesn't say it's salty". In other words, you don't have the right to talk about yourself. It is up to others to say whether you are good or bad. That's the griot's job. The griots describe what happens, they talk to people, give them encouragement, talk of those who do good and those who do evil. They are the guardians of tradition, both musical and historical, for they know the history of our forebears, handed down from father to son, right down to the present generation.
History is transmitted by the griots in their stories. It is unusual for a griot to sing. He speaks, and everything is in his words.
Even when the griot does not have his instrument, the tehardent, he has his mouth. He speaks at festivities and celebrations, but he can also come to your home, play the tehardent and tell you about the lives of your fore fathers.

What role does music play in your society?
Mama and Disco: Music accompanies festivities, celebrations, Ramadan, marriages, births, and even divorces. When a woman is divorced, there is a great celebration in her honour. It's true! Divorce is like pouring water. The husband says "leave!" and that means you are divorced. A big celebration is held three months later. He might regret his words and ask her to return before that.

What do your songs tell of?
Disco: They sing of peace, love and exile. They also sing of the Tuareg, and there are political songs, too. We also compose our songs that are not part of the traditional repertoire.

How do you compose?
Disco: It just comes to me like that I say a phrase like "tout le monde peut etre réuni" and Amanou adds another phrase, then an other follows, and together we can tell what works, and we take it on board.

Do you think of yourself as a singer?
Disco: No and I don't even want to be one - I'm simply carrying on my tradition.
Arahmat, the imzad player: When I was very young, I would listen to the women playing the imzad, and l liked it so much that I made a little imzad for myself, I sat in the shade of a tree, took a stick and some pieces of cloth and kept on trying until it sounded right. All by myself. In my family, nobody played the fiddle. When my father saw that I wanted to learn, he advised me to wait for some quiet time of night when nobody was speaking. He told me to make the most of the silence to learn and get to know the songs, and to straighten things out in my mind. I played alone until the day l met Amanou in the refugee camp.

Who plays tindé?
Disco: All the women like it. I learned it when l was just a little girl. A servant woman taught me. She would put me on her knee, which l really enjoyed, while she played tindé. That way, I learned the rhythm. I feel as though I've always played it. I also loved to sing and dance. That's why they called me Disco.

Do you teach to your children?
Disco: No, our children are free. The little girl is learning to play the tindé all the time - she's free! I don't teach her anything. In that respect, she can do what she likes: What's more, my mother didn't even want me to sing. That's true. At home, I used to sing a lot. As soon as I got home from school, I would throw down my satchel and start to sing.
When Tartit started up I had to sing all the songs and accompany them on tindé. I felt I was not good enough, so I looked for a real singer, someone with a beautiful voice. Someone told me about Fatma. When I arrived at her place, Fatma said "No, it's impossible!" She did not want to leave home. Afterwards, when I came back again, she agreed to ask her husband's permission. It was her husband who accepted the invitation.
Fatma: I had never travelled. I was afraid. I was used to staying at home with my family; among my own people, and singing for them. Everybody is afraid of what hey don 't know. I understood that it wouldn't hurt me, that it could only do me good. Travelling, singing, making money.
Disco: You bad to get your husband's permission to leave. I had difficulty persuading my family. The first time, I left with his consent, but next time, he, didn't want me to go. He didn't want me travelling all the time. I won't be told what to do.

What is that made you want to do something for women?
Disco: I don't know, I was born that way. I started working at UNICEF as an entertainer helping women and children. It's all part of that. Out association looks after Tuareg women. They need help. They're vulnerable in our society. They don't work, don't go to school. They are the mothers of children. Often, the husbands leave the women and children. Or they divorce you straight away and leave you with the children. A woman has to feed her children. A man doesn't care. He just leaves. Often, war, rebellion or some faraway voyage calls him. A woman just has to get on with things. Abou is my colleague. He takes care of coordinating women's associations in northern Mali. He isn't in it for the money. It's a voluntary job: Helping society.
Abou, second griot: If the project is funded by an NGO, I get paid. Otherwise I don't. In the brush, I live with the animals. I live from the crops. I'm a herdsman. I sing with my animals. I've got cattle, sheep and goats. We drink the milk. We eat the meat and use the butter. We sell animals to buy grain and new clothes once a year. And shoes, sugar, things like that. Little things for the family. I'm a nomad. Nomadism, for us, has to do with the animals. If you haven't got any, you're going nowhere. You settle somewhere and stay there and try to live. It's because of the animals that we live as nomads. You have to look for new pastures, new lands for the animals. It's impossible to say how often I move each year. The desert has no frontiers. Being a nomad means living without frontiers. We move on after a day or two, or maybe a month, but that's the most. With all the family.

And what about you, Mama? How is your life in Wepion by comparison?
Mama: It's different, as you can see. It's been seven years now since I left my Tuareg life, and I return every year to Mali. I nurture my traditions. I've been here seven years, but nothing has changed. I keep my culture in my heart. I know I'm Tuareg.
Disco: Except that she doesn't move house.
Mama: I don't move house because my house is not a tent. If it were a tent, I'd be in a different garden every evening. I'm such a nomad that, in my room, I move my bed every night. You 'II find my bed in one place today and another place tomorrow. I don't like always being in the same place. It isn't untidy, it's always well ordered, I grew up in the desert.
Disco and Mama (laughing): Go on, Amanou, tell them about your nomad life.
Amanou: I was born a nomad. Even on tour, now, I am a nomad. Whether I move around or stay in one place, my music is always in my mind. In my spirit but my instrument, the tehardent, is something I don't just play for anybody. Only for very important people. Those my parents thought of as "venerable". I learned everything from my parents.

Interview: Marta Bergman

Extract from album Tartit "Ichichila" Network 36.584 - www.networkmedien.de

Production : Network Medien Frankfurt & Divano Production Bruxelles - Produit par Gerald Fenerberg et Michel Winter - Enregistré au Centre Culturel de Bamako par Yves Wernert et Gerald Fenerberg. Mixé par Gerald Fenerberg

 
P 04/03/2004