Tribune / Presse
Article paru dans
N°154 -21/03/2005

LA PIRATERIE EN PLEINE FORME

Mali K7 en faillite, Seydoni en chômage technique :
Que va faire le ministre Sissoko ?


Un dicton bien connu du terroir bamanan dit ceci « On n’est humilié que lorsqu’on parle ». Le dicton s’applique fort bien au ministre de la Culture, Cheick O Sissoko qui, il n’y a pas longtemps, avait juré de démissionner au cas où il ne réussirait pas à éradiquer le phénomène de la piraterie. Comme pour le prendre au mot, la piraterie ne s’est jamais aussi mieux portée.

Pire, c’est sous son administration que les deux unités industrielles de production d’œuvres musicales, frappées de plein fouet par les effets pervers de fléau se sont décidées à envoyer tout le monde en vacances. C’est fait et le lot des chômeurs a pris l’ascenseur.

Parlant des méfaits de la piraterie des œuvres artistiques en public et de la manière la plus solennelle, le cinéaste ministre, Cheick O Sissoko promettait de rendre le tablier au cas où il se trouverait dans l’incapacité d’éradiquer la piraterie dans les plus brefs délais. Aujourd’hui, le constat est accablant. La piraterie n’a pas reculé d’un iota, mieux elle a fait des bons considérables en avant. Conséquences : deux de nos meilleures maisons de productions, à savoir Mali K7 et Seydoni Mali viennent de mettre leurs personnels en chômage technique. Elles ne seraient plus en mesure de faire face aux charges récurrentes et incompressibles à cause de la concurrence sauvage que leur livrent les œuvres piratées. L’annonce officielle a été faite au cours d’un point de presse animé par les responsables des deux structures, à savoir : Fousseyni Traoré de Seydoni et Philippe Berthier de Mali K7 ; C’était le 16 mars dernier, au siège de Mali K7.

Cette situation résulte des délits impunis voire de forfaitures des responsables politiques et administratifs qui ne font absolument rien pour lutter contre un fléau minant à la fois la vie des artistes et des maisons de productions. Lesquelles ont investi gros pour réaliser ce qui est en train de partir en fumée aujourd’hui. Les responsables des deux structures se disent profondément choqués par l’ampleur du gâchis. « Il est pratiquement devenu impossible de ne pas rencontrer son produit contrefait 24 heures seulement après la mise en vente sur le marché…Mali K7 et Seydoni ne peuvent plus faire face à l’ampleur de la situation qui leur ôte toute possibilités de payer les salaires, les impôts, l’INPS et les droits d’auteurs. Les structures ainsi acculées à la faillite pointent à l’unisson un doigt accusateur vers les autorités qui ne font absolument rien pour éradiquer le phénomène ».


Alors, après la chute des deux géants bamakois de la production, n’est-on pas en droit de s’interroger quand est-ce que le ministre honorera-t-il son engagement.

Sory Haïdara