Dédicace
Lassy King Massassy mettra sur
orbite "Niokala So" son tout dernier album qui fait fureur
en ce moment à Bamako. Pour l'occasion en l'absence de "l'homme
fort du regime" (voir Mag 40), Le roi a fait appel à Fanga
Fing (la force tranquille), Diata
Sya (la boule d'énergie), Djénie,
Tassouma Woyo (les ambianceurs de Bamako
Coura), Maicheur B, Kisto
Dem (la boule d'énergie), Sadio
Sidibé (la star montante de Biriko), les Zion
B. (les ambassadeurs du ghéto), les Cool
Girls et les Tata Pound
(les gros calibres). Une belle fête en perspective au palais
de la culture de Bamako, surtout quand on sait que le tube Babayo
fait actuellement fureur. Nous y reviendrons.
Habib
Koité Live
Habib Koité (Meilleur
Artiste de l’Afrique de l’Ouest au Kora Arwards, Chevalier
de l'ordre des arts et lettres de la République Française),
dédicacera son double album live le 12/12/2003 à l'espace
culturel Bouna sis ancien aéroport ACI 2000. « Fôly
» puisque c'est de ça qu'il s'agit est un panorama de
son très riche et varié répertoire. Alors que
de nombreux artistes africains ont choisi de se lancer à la
conquête de l’Europe et de l’Amérique du
nord en métissant leur musique par des sonorités occidentales
et que d’autres s’activent à perpétuer la
musique traditionnelle de manière rigoureuse, Habib
Koité s’est choisi une voie et une voix bien à
lui, à la fois imprégnée de traditions de son
pays et bien inscrite dans son époque. Tout au long de sa carrière,
forte de 3 CD et d’innombrables concerts autour du monde, Habib
a su développer un jeu de guitare personnel dans lequel on
pourra déceler tout autant des influences de chez lui que celles
d’autres styles musicaux comme le blues ou même, ici et
là, quelques touches de « son » cubain ou de flamenco.
On retrouvera également dans sa musique un échantillon
du riche instrumentation traditionnel malien comme le tamani,
le balafon ou
le ngoni. Des
arrangements musicaux qui mettent en valeur son chant intimiste.
Mais c’est surtout sur scène que se révèle
le guitariste virtuose qu’est Habib
Koïté. Voilà la raison principale de ce CD
enregistré entre les Pays Bas, l’Italie, La Suisse et
l’Allemagne. Réservation CCF – Mali k7 –
Bouna ou au 674 28 95, 637 61 12, 673 79 95 et 679 01 03
Yèrèdon
Koko
Dembélé nous revient avec un nouvel album
"Yèrèdon". Enregistré au Studio JBZ
à Abidjan, Yèredon est un album de 10 titres mélodieux.
Yèrèdon sera mis vente au Mali par les soins de Mali
k7 SA à la veille des fêtes de fin d'année. Vous
aurez très bientôt un avant goût de cet opus sur
les ondes des stations FM. Nous y reviendrons dans notre prochaine
édition.
Que
sont-ils devenus?
"Que sont-ils devenus" est une nouvelle rubrique que votre
Magazine d'information musicale tentera de répondre. Une fois
tous les deux mois, nous ferons un gros plan sur les anciennes gloires
de la musique malienne. Pour ce premier numéro nous avons choisi
Harouna Barry même s'il n'a pas totalement rompu avec le milieu.
Harouna
Barry, Artiste. La vocation de la musique
Saxophoniste atypique, compositeur et arrangeur de talent, Harouna
Barry est l’une des têtes pensantes de la musique
malienne. Après une longue carrière au service de l’État,
il a aujourd’hui décidé de se consacrer entièrement
aux jeunes tout en aidant ses compagnons à vivre leur retraite.
“Je suis enseignant de profession et artiste par vocation”,
aime à répéter Harouna
Barry, l’un des monstres sacrés de la musique malienne.
Cette confession traduit toute la passion de l’homme qui peut
légitimement dire qu’il est né artiste sans que
personne ne crie à la vanité. Parce que son talent artistique
est inné. Et son parcours est tout à fait atypique parce
qu’il n’est pas du lot des “Cubains” du Mali.
Mais, il ne les envie en rien.
“J’ai été toujours attiré par
la musique et j’ai appris à jouer plusieurs instruments
sans que quelqu’un me les enseigne”, explique le
maestro qui a passé 35 ans au service de la nation et qui a
fait le bonheur et la réputation du National
Badema du Mali. Le don naturel de l’artiste lui a permis
d’enseigner des instruments à ses camarades. Un enseignement
qui se faisait à l’aide de moyens rudimentaires comme
des boîtes de conserves, les vieilles bouilloires. “Certains
apprenaient la percussion, par exemple, en jouant sur leur cuisse”,
se rappelle-il.
La première formation de Harouna
Barry a été l’Askia
Jazz, une formation crée par les élèves
du Lycée Askia Mohamed en 1960. A partir de 1962, il crée
le Rônier Jazz avec les Taras.
Professeur de français et de géographie, Harouna est
muté à Gao à la fin de sa formation (1964-65).
Une année plus tard, il retrouve la terre de ces ancêtres,
Kayes. Son talent, son ingéniosité et son ambition musicale
lui ont permis de s’illustrer et de devenir finalement le directeur
de l’Orchestre le Goffé Star
de Kayes. Et c’est là qu’il s’est initié
au saxophone pour relever un défi. En effet, “les
anciens ne cessaient de nous critiquer en disant qu’il n’y
avait pas assez d’instruments à vent dans notre orchestre.
J’ai alors un jour décidé de m’essayer au
saxophone. Mes camarades ont été séduits par
mes premières notes et je n’ai plus arrêté”,
se souvient-il. Personne ne lui a donc appris à jouer à
cet instrument comme aux autres. N’empêche qu’il
dit avoir des pères spirituels au saxo comme Tidiane
Koné (Rail Band),
Fela Kuti (Nigeria) et Manu
Dibango (Cameroun).
C’est alors qu’il était le chef d’orchestre
du Goffé Star que Harouna
Barry a été sollicité, en 1975, par les Boncana
Maïga et Kalil Traoré
pour se joindre aux musiciens de l’As
Marabias qui avait besoin d’un saxophoniste talentueux
et expérimenté. Un groupe formé par les “Cubains”
de la musique malienne. C’est ainsi qu’il a eu à
côtoyer les Boncana, Kalil, Bah Tapo, Baba Traoré, Amadou
Bâh, Alou Traoré, Dramane Coulibaly, Issa Falaba Traoré...
Après un bref passage comme directeur artistique de l’Ensemble
instrumental national du Mali (1985-1986), Harouna
Barry a été rappelé pour diriger le National
Badema du Mali. Une responsabilité qu’il a assumée
jusqu’en 2001. Année durant laquelle il a fait prévaloir
ses droits à la retraite après 35 ans de bons et loyaux
services.
Et pourtant, Harouna Barry
n’est pas encore vieux. Ce terme, “vieux”, il ne
veut pas l’entendre parce que, malgré ses 59 ans, il
dit à qui veut l’entendre qu’il n’a que...
18 ans. “On ne vieillit que dans la tête. Et mentalement
je suis encore très jeune”. Depuis sa retraite,
Harouna a fondé l’orchestre “Les
Barons” avec certains de ses camarades comme Ferdinand
Coulibaly. Une formation dotée en instrument par l’ancien
chef de l’État, Alpha Oumar Konaré. “Cela
m’a beaucoup réconforté. Si je n’étais
pas parvenu à me reconvertir de cette façon, je serais
devenu fou. Parce que je n’aurais pas compris qu’on me
laisse tomber après avoir rendu tant de service à ma
patrie”, explique le Chevalier de l’Ordre national
du Mérite. Pour lui, ce que la musique lui apporté,
c’est la confiance et l’estime des jeunes. “Aujourd’hui,
je suis en mesure de faire déplacer n’importe quel musicien
à n’importe quelle heure et vers n’importe où.
Cela est extrêmement important. Aucune fortune ne peut valoir
à l’homme une telle confiance”, dit-il.
Même à la retraite, Harouna
Barry continue à mettre son expérience au service
des stars comme Haïra Arby et des
jeunes dans une salle qu’il occupe actuellement à la
Maison des jeunes. “Il est entièrement dévoué
à la formation des jeunes. Courtois et disponible, Harouna
nous enseigne beaucoup de choses utiles pour mener une carrière
artistique. Et, en retour, il ne nous demande rien. C’est la
preuve qu’il a l’amour et la passion de ce qu’il
fait”, témoigne une jeune cantatrice. L’ambition
de Harouna Barry, c’est
de pouvoir transformer cette salle en Centre formation en chorégraphie
et d’initiation aux instruments à vent. “Il
est aujourd’hui urgent d’initier les jeunes à nos
danses pour éviter leur prostitution. Nos danses se perdent
au profit des pas de danse venus d’ailleurs. Elles sont donc
aujourd’hui au bord de l’étouffement. Il est donc
temps d’agir”.En attendant d’avoir les moyens
de réaliser ce projet, Harouna
poursuit ses expériences musicales avec les ADS,
Soufountera, François
Dembélé (promoteur du Santoro/Percussion). Et
son prestige s’en sort chaque fois grandi. Ce qui est amplement
mérité par le maestro.
Moussa Bolly