N° 43
22 décembre 2003

Bassékou Kouyaté Ngonifola
Le prince des cordes

Descendant de la lignée des grands ngonifôlaw (joueurs de ngoni) Bassékou Kouyaté a énormément contribué à la promotion de cet instrument mythique et légendaire dans le monde. De Garana (Baréouli) à Bruxelles en passant par Ségou, Bamako, Abidjan, Ouagadougou, l'Espagne, l'Italie, les Etats-Unis…, le virtuose de l'instrument mythique peut se vanter d'une glorieuse carrière.

L'héritage est la meilleure source de l'inspiration. Et Bassékou Kouyaté s'est abreuvée à de limpides sources. Né en 1966 à Garana (Tamani, préfecture de Baréouli), son père, Moustapha Kouyaté, était sans doute le plus grand joueur de ngoni de la contrée. Un talent et une virtuosité qu'il mettait naturellement au service de la symphonie vocale de sa cantatrice d'épouse, Yagaré Damba. Incomparable dans ses rythmes traditionnels comme le ndjaro, le duo a fait fureur dans les milieux peulhs et djogoramès.

"Le ngoni était le jouet des enfants dans notre famille. Nous rivalisions dans sa confection et dans sa maîtrise. A 12 ans déjà, je le maîtrisais à merveille", se rappelle l'héritier des Kouyaté. Entre l'école coranique et les manifestations folkloriques, l'enfant a eu le temps de mûrir et de faire le choix d'une carrière. En 1979, son père étant malade (décédé en 1984, paix à son âme), le jeune virtuose accompagne sa mère en tournée en Côte d'Ivoire, au Burkina, etc. C'est la première ouverture d'un destin qui allait le conduire à sillonner le monde.

La suite de la carrière de Bassékou s'est dessinée au fil des rencontres. Rencontre d'abord avec Cheick Oumar Diabaté, le mari de la cantatrice Naïny Diabaté, à Ségou en 1983. Le guitariste et le ngonifôla deviennent amis dans la vie et complice sur scène. Une amitié et complicité qui les amène à s'installer Bamako où ils voient les opportunités d'une belle carrière artistique se multiplier. Ils sont derrière presque tous les meilleurs arrangements avec la quasi totalité des cantatrices : Koni Koumaré, Naïny Diabaté, Tata Bambo Kouyaté
En 1987 Bassékou fait connaissance avec Toumani Diabaté, la grande révélation de la kora des années 80. Une rencontre qui va lui permettre de faire un bond décisif dans sa carrière. Deux ans plus tard, les compères entreprennent une tournée sous-régionale qui les conduit en Côte d'Ivoire, Burkina… Ils s'envolent ensuite vers la Belgique où ils sont invités par les organisateurs du Folk Festival Donaterre. Cette fois-ci, Habib Koité "L'Enfant du Khasso" est également du voyage. "C'était notre première sortie du continent africain. Et nous devons ce privilège à Toumani Diabaté", reconnaît l'époux de la grande cantatrice Amy Sacko.

En 1990, il est le seul représentant du Mali au Festival du Banjo de Tennessee (Etats-Unis). Il se rappelle que "j'étais le plus jeune des artistes invités. Mais, j'ai eus un succès phénoménal". Au point de se faire remarquer aussitôt par Taj Mahal, à la splendeur de sa célébrité. "Nous avons tout de suite sympathisé. Nous avons fait des émissions ensembles… Il m'a dédié une chanson et j'en ai fait de même", souligne celui qui allait devenir par la suite le Prince des cordes.
A son retour, le jeune instrumentiste est sollicité par le Sénégalais El Hadj Ndiaye comme Requin (musicien) de son "Studio 2000" de Dakar. Cela lui permettra de progresser énormément au contact des stars comme Baaba Maal, Thione Baladio Seck, etc. Peu de temps après, Toumani Diabaté le sollicite pour l'enregistrement de son album, "Bérébéré", à Abidjan avec des musiciens japonais et l'ingénieur de son de Stevie Wonder. Les amis vont rester longtemps ensembles puis qu'ils vont fonder le "Trio manding" avec Kèlètigui Diabaté (balafon). Un trio qui va parcourir le monde, du pôle nord au pôle sud, pour la promotion des instruments et des rythmes du pays et tenir les foules en haleine.
Le groupe associé à plusieurs expériences musicales comme la "Symphonie mandingue", "Symétrie Orchestra", et "Songhaï II". C'était au début des années 90. Des expériences qui ont permis au talent confirmé de partager son savoir et sa passion avec des célébrités mondiales comme Carlos Santana, Jackson Brown, Ali Farka Touré, Cheick Tidiane Seck, Bonnie Raitt… Excusez du peu !
Suffisamment armé, Toujours à la recherche d'autres sonorités, Bassékou crée son propre groupe en 2003. Il s'agit de "Samagéra" dans lequel on retrouve bien sûr sa talentueuse épouse, Amy Sacko. Le couple s'est adjoint Lassana Diabaté (balafon), Adama Diarra (djembé) et Fousseyni Kouyaté (ngoni basse). A peine rentrée d'une tournée mondiale qui l'a conduit en Espagne, en Belgique, en France, en Suisse, en Azerbaïdjan, au Japon…, il s'apprête de nouveau sillonner l'Europe.
Seule ombre au tableau, la discographie de Samagéra est étrangement vide. "Chaque chose a son temps. Nous avons un répertoire assez fourni, mais le groupe est très jeune. Nous voulons d'abord lui donner une assise solide dans le show biz international. Et puis, nous ne voulons pas travailler avec n'importe quel producteur. Mais, notre album ne va plus tarder. Inch Allah", promet le chef d'orchestre.

Festival de ngoni
C'est avec passion que l'artiste parle de son instrument. "Le ngoni se prête à toutes les expériences parce qu'on peut l'accorder avec tous les sons et tous les rythmes. Avec cet instrument on peut faire du blues, du jazz, de la musique classique…", enseigne-t-il.
Le projet qui tient Bassékou est l'organisation d'un Festival de ngoni à Bamako. "Le ngoni est l'un des premiers instruments de musique du Mali. C'est un instrument mythique chargé d'histoire. Une histoire qui est de plus en plus méconnue. Cela est inacceptable parce que ce n'est pas un instrument à négliger. Il est lié à l'histoire de ce pays et de son peuple. C'est un instrument privilégié des cours royales. On ne jouait pas le ngoni pour n'importe qui", explique avec une perceptible ambition. Il précise que "le festival vise à revaloriser le ngoni. Des maîtres de la parole seront invités pour raconter son histoire. Des participants viendront également de tous les pays africains, asiatiques et européens où le ngoni se joue".

Le virtuose veut rassembler au tour de son projet et de sa passion des ngonifôlaw du Maroc, du Japon, de la Chine, Sénégal, Burkina Faso, Espagne… A l'entendre, le projet est assez bien avancé pour se réaliser l'année prochaine. Il a eu des engagements un peu partout dans le monde et des soutiens au plan national. A commencer par l'engagement personnel du ministre de la Culture, Cheick Oumar Sissoko.

Carrière bien remplie
L'organisation de ce festival sera un tournant décisif dans la suite de la carrière artistique de Bassékou Kouyaté. Un parcours qui l'a jusque-là comblé de bonheur. "Il ne faut voir la réussite d'une carrière sous le seul aspect de la richesse financière. Je suis satisfait de ma carrière parce que j'ai eu le privilège de me frotter à beaucoup de talents. Mieux, j'ai joué avec des célébrités mondiales. Et j'ai tissé de solides relations amicales et professionnelles un peu partout dans le monde". Et, à 37 ans, cela ne fait que commencer pour l'enfant de Garana qui sait merveilleusement ménager sa monture pour galoper vers d'autres succès et expériences musicales.

La Dédicace a tenu ses promesses
Vendredi 12 décembre 2003, à l'Espace Culturel Bouna, Habib Koité et son groupe Bamada ont dédicacé leur tout premier album Live intitulé "Fôly". Un panorama de son riche et varié répertoire fort de 3 CD. C'est d'ailleurs pourquoi les artistes maliens (les balafonistes sénoufo, Alou Sam, Tata Pound, Lassy King Massassy, Babani Koné, Bassékou Kouyaté et sa femme Ami Sacko) se sont mobilisés pour apporter leur soutien au globe trotteur malien qui venait de boucler une tournée australienne. Le double album live de "Foly" est en vente depuis le lundi dernier sur support cassettes et CD.

Salif Keita et le groupe Africando en concert à Cotonou
Salif Kéita et son groupe sont partis vendredi dernier pour Cotonou. Dans la capitale Béninoise, "l'enfant bénis du Djoliba" présentera son dernier tube "Moffou" qui continu à caracolé en tête des hits africains. Quant au groupe africando, il ne fait aucun doute que le groupe, constitué de Gnonas Pedro, Bambino et autres, voyagera dans le passé en présentant tous les albums sortis par le groupe.

Coté Mali K7 S. A
Cette semaine sera marquée par plusieurs sorties au premier rang desquelles, on note Aicha Kouyaté "la Tigresse". Originaire de Tibri, un village situé à une dizaine de kilomètre de Siguiri, Aicha est la fille de Alama (musicien claviste) et Djéli Sétou Kouyaté (chanteuse confirmée de Siguiri). La mort prématurée de sa mère, pousse la petite Aicha à embrasser une carrière musicale. Elle fait le chœur de Sékouba Bambino dans son tube "Appolo". Elle quitte sa guinée natale pour le Mali, à Bamako elle complètera sa formation auprès de Tou Diakité, Lobi Traoré, Fadima Kouyaté et Moussa Traoré dit Taras. Comme dit l'adage "bon sang ne saurait mentir", Aujourd'hui notre Aicha Kouyaté a prit la résolution de voler de ses Ailes et ce la avec la complicité de MBD production.

Awa Poulo, de son vrai Awa Coulibaly, elle est originaire de Dily. Awa Poulo, elle la fille de Souleymane et de Ina baba Coulibaly qu'on ne présente plus aux mélomanes maliens. Comme la plupart de nos artistes, elle débute sa carrière musicale en reprenant les tubes de sa mère chaque fois que l'occasion lui était donnée. C'est ainsi elle fut sélectionné pour faire le solo de chœur de quartier Sirakoro Dounfin. Aguerrie par cette expérience, sa mère, Ina Baba l'enrôle dans sa formation, ensemble ils parcourront le Mali entier, elle quitte l'école pour se consacrer à sa carrière artistique.

En l'absence de Ina Baba, partit pour la France, la petite Awa prend la résolution de combler le vide. Elle sollicite le concours des musiciens de sa mère. Ensemble, ils enregistreront quelques titres pour la télévision malienne. C'est le déclic, MBD Production, l'engage pour 8 titres somptueux. Album singulier, La petite Awa chante, la paix , l'amour et incite ses concitoyens aux travail.

Koko Dembélé nous revient avec un nouvel album "Yèrèdon". Une œuvre qui va sans nul doute séduire et conquérir les rares âmes qui étaient jusque-là indifférentes à son talent.
Bonne Fête de fin d'année avec les talentueux Aicha Kouyaté, Awa Poulo et Koko Dembélé.

Les meilleures ventes de l'année 2003 au Mali
A
B
Artiste Album
AA
     
Artiste
Album
AA
01
10 Seydou Camara Mali Den
A
06
10
Déniba Sanogo Jolie
02
 
Mamou Sidibé
Foulbé
 
07
 
Idrissa Soumaoro
Koté
03
  Tata Diakité Djama
 
08
 
Salif Keïta
Moffou  
04
 
Kon Kan Ko Sata
Moussouw
 
09
 
Madou Camara
& Mah Kouyaté  
05
 
Tata Diakité
Hommage (Best Of)
 
10
 
Rokia Traoré
Bowboï
A = Cette semaine / B= La semaine dernière              
           
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